Théophile-Alexandre Steinlen

1859 - 1923
Œuvre

Né à Lausanne en 1859, Steinlen débute son apprentissage artistique à Mulhouse en 1879. Installé à Paris à partir de 1881, il fait la connaissance d’Adolphe Willette qui lui présente Rodolphe Salis et le groupe d’artistes qui se rassemble au nouveau cabaret du Chat noir : Bruant, Lautrec, Léandre, Vallotton, Verlaine, Rivière, Allais et Forain. Steinlen emménage à Montmartre et entame une collaboration régulière avec la revue hebdomadaire du Chat noir.

Il fournit de nombreux dessins pour des revues, illustre des romans et réalise des affiches, notamment pour Aristide Bruant et Yvette Guilbert. Il sait restituer de son trait vif l’ambiance particulière du Montmartre de la fin du XIXe siècle. L’artiste joue ainsi un rôle capital dans le renouvellement de l’illustration et inspire des jeunes artistes comme Jean Peské ou Pablo Picasso.

Pourtant, cela ne semble pas lui suffire, car Steinlen a des ambitions artistiques qu’il déclare dès son arrivée à Montmartre. L’illustration est pour lui un moyen temporaire, et si les affaires vont bien et qu’il est constamment sollicité, il ne s’en réjouit qu’en partie, considérant que cela lui enlève le temps nécessaire à la préparation du concours pour l’École des Beaux-Arts et d’une toile pour le Salon. Autodidacte, il ne peut pénétrer le milieu choisi des Salons officiels parisiens. Il expose en 1893 au salon des Indépendants, puis au salon de Humoristes, qui ne lui apportent pas la reconnaissance critique qu’il espérait. Il décide alors de monter sa propre exposition personnelle à La Bodinière en 1894, mais celle-ci a surtout pour effet de confirmer l’artiste en tant que chroniqueur montmartrois de la vie parisienne : une étiquette dont il aura du mal à se défaire. Steinlen expose encore en 1898 à la Galerie Georges Petit, lors d’un accrochage collectif dont font partie entre autres Emile Claus et Antoine Bourdelle. Mais c’est au tournant du siècle qu’il accède à une véritable reconnaissance. Il expose à la Sécession de Berlin en 1903, puis le musée du Luxembourg cherche à acquérir un de ses tableaux, malheureusement vendu entre temps. Il expose encore, la même année, place Saint-Georges. Le catalogue publié à cette occasion contient une postface d’Anatole France qui associe enfin les qualités du peintre à celles du dessinateur, et met véritablement l’accent sur l’œuvre peint de l’artiste.